On se demandait à quoi ça ressemblait, une « séance de voyance publique » avec un médium. Alors ce dimanche après-midi, pour le deuxième jour du salon Voyancielle, à Annezin, on est allé voir Maurice à l’œuvre. Psychologie, humour et tarot.
Au deuxième jour et trois heures avant la fermeture du premier salon Voyancielle dans la commune, 400 visiteurs avaient déboursé les 5 € demandés pour entrer, des gens de la région mais aussi des environs de Paris et de la Belgique. Tous prêts à allonger jusqu’à 50 € de plus pour une entrevue particulière avec un médium ou une cartomancienne. Les séances de voyance collective, elles, sont gratuites et nous, entre Descartes et Francis Blanche, on y va avec dans l’idée de décortiquer la mécanique de Maurice, « médium pur », ce que promet son tract.
Il est en retard mais dans la salle du complexe sportif, il ne viendrait à l’idée de personne de partir. Même, les rangées de chaises grossissent à vue d’œil. Enfin Maurice déboule, fendant la pièce d’un pas pressé. Micro-casque sur la tête, il promet une demi-heure et des réponses à dix ou quinze questions. On espérait des flashes de communication avec l’au-delà mais il explique que s’il est « un médium sans support », il ne fera pas de médiumnité cet après-midi. Ce qu’il a entre les mains, c’est un tarot de Marseille.
« Pour moi, le temps n’existe pas »
Tout de suite, des mains se lèvent. La voix timide d’une femme demande si son amoureux va revenir. Elle tire une carte, celle du milieu comme souvent, s’amuse le médium. C’est le pendu, mais sur un pied, ce qui est plutôt bon signe. « Je pense qu’il va revenir, mais dans un peu de temps. » Être plus précis, il affirme qu’il en est incapable parce que pour lui, « le temps n’existe pas ». Hier, aujourd’hui, demain, c’est le même magma.
Un peu d’humour n’a pas l’air de nuire quand on sert de pont avec l’au-delà. Quelqu’un veut savoir s’il va trouver un travail « durable... de lapin ? » Retranché derrière l’interprétation de ses cartes, les pendus, les impératrices et la tempérance, Maurice ne se mouille pas trop. Au bout de toutes ces mains qui se lèvent, la question touche trois fois sur quatre au boulot. « Du travail, oui, rapidement non mais il y aura du temps productif. »
Sans avoir besoin d’être trop fin psychologue, il comprend à mi-mots que si ce père s’inquiète de l’avenir affectif de son fils, c’est qu’il sort d’une histoire chaotique. Et revoilà le pendu sur un pied, encore lui, qui promet à un autre un amour à venir. « Vous allez rencontrer quelqu’un mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Disons que c’est en train d’arriver. » Bon, Maurice l’avoue, « je ne suis pas Dieu le Père. » Des mains supplient encore mais la séance est levée. Elle n’aura duré qu’une vingtaine de minutes. Le médium fend la salle dans l’autre sens, glissant au passage qu’en cas de besoin, il est au salon. Où là, les consultations seront payantes. Y croire ou pas, c’est la liberté de ces âmes en quête d’espoir.
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