© colsonpastries.com
La psychanalyse dans la cuisine
Quand Nele Ryckelynck s’installe à Paris, elle trouve qu’il manque d’un endroit pour se retrouver avec soi ou entre femmes – et où la part de tarte reste abordable. Psychologue, elle a auparavant animé des ateliers avec des jeunes mères : « Elles étaient ravies d’avoir un espace où se retrouver et échanger, mais elles se disaient "Et quand les enfants seront grands, on fera quoi ?" », raconte Nele. C’est sur cette idée qu’elle fonde alors l’association Alma Elles, dont les ateliers accueillent tous les quinze jours des femmes qui souhaitent partager un moment de pause, ou ont juste besoin d’un moment sans leurs mari et enfants, des femmes qui ont besoin d’être écoutées.
Pour ne pas faire de l’atelier un simple espace de parole, les membres de l’association usent d’une recette audacieuse : mélanger la psychologie à… la pâtisserie. « L’idée c’est que l’atelier se fasse autour de la création, et que les gens repartent avec quelque chose », explique Nele. Elle s’est pour cela associée à Hubert Colson, pâtissier-psychanalyse, qui transmet avec plaisir les joies et techniques de la confection de macarons ou de fondant au chocolat lors des ateliers Alma Elles. Et il s’y connaît en la matière : les délices de sa Colson Patisserie à Brooklyn se vendent comme des petits pains.
« Beaucoup de choses se transmettent en cuisinant »
A chaque atelier, un bénévole formé à l'écoute est présent pour celles qui ont besoin de parler, sans jugement ni prise en charge. A l’issue de chaque séance s’ensuit une dégustation, pendant laquelle notre pâtissier en chef explique comment procéder en fonction des goûts. Pourquoi des ateliers cuisine ? « Parce que ça touche à l’oralité, à la créativité, à l’héritage, et donc à l’intime aussi… Beaucoup de choses se transmettent en cuisinant, ça incite au dialogue et à la communication ». Et ça marche. En un an, un petit groupe d’habituées s’est formé. La pâtisserie est « comme un miroir » - c’est d’ailleurs le nom des ateliers. Finalement, l’art culinaire sert plus de support à l’échange et à la parole ; « d’ailleurs la moitié des gens qui viennent ne cuisinent pas », remarque Nele.
Participer à un atelier coûte 12€, et on repart avec des macarons dignes de chez Ladurée. Mais d’abord, il y a le rituel du verre de vin qu’on boit ensemble en arrivant, puis on enchaîne sur 1h30 de cuisine, suivie de 30 minutes de dégustation et discussions. Les séances ont lieu le soir pour accueillir aussi celles qui travaillent, et les personnes présentes sont issues de toutes classes sociales. Leur point commun : avoir envie d’échanger, d’être ensemble, de vivre un moment entre parenthèses. Et surtout, la quête d'une ambiance familiale : « Beaucoup de femmes à Paris ne sont pas nées ici, et en arrivant elles n’ont plus leur famille, leurs amis, leur réseau ».
Un lieu de prévention
Le choix du public féminin s’est imposé. « Les femmes étant le maillon de la transmission, cet espace est un lieu majeur de prévention contre la violence conjugale, l'exclusion… » Tout en développant le lien social et la créativité. Et si l’association ne fonctionne pour le moment qu’à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, ses membres ne sont pas contre exporter le concept de « la pâtisserie comme miroir ».
Voir la page Facebook d'Alma et Elles - prochain atelier le 08/11
Contact : alma.elles@yahoo.fr - 01 83 92 94 03 ou 06 72 99 70 18
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