Avant de s’incliner devant la Pologne, les champions du monde allemands avaient fait abdiquer leurs trente-trois adversaires précédents en matches de qualifications à la Coupe du monde ou à l’Euro. Un revers d’autant plus retentissant qu’il s’agissait du premier de la Mannschaft face aux "Białe Orły" (Les Aigles Blanc). Depuis son sacre au Brésil, l’Allemagne a la gueule de bois. Un état qui s’est prolongé contre l’Eire (1-1), une formation martyrisée à deux reprises sur la route du dernier Mondial (6-1, 3-0). "Certains joueurs n’ont eu que trois semaines de coupure après un tournoi majeur avant d’être réintégrés aux effectifs des clubs en pré-saison. Ce n’est tout simplement pas assez…, s’est agacé le sélectionneur Joachim Löw à l’issue de la défaite en terres polonaises. Peut être que ça ne fait pas de différence sur une saison mais sur plusieurs certainement". Demi-finaliste des Coupes du monde 2006, 2010 et de l’Euro 2012, finaliste de l’Euro 2008, la nation aux quatre étoiles planétaires paierait sa régularité dans les compétitions internationales.
Kroos: "Les internationaux jouent trop"
Psychologue du sport, Jean-Cyrille Lecoq abonde dans le sens du technicien allemand. "Il faut minimum un mois pour récupérer physiquement et mentalement d’un grand tournoi qui procure beaucoup d’émotions et demande énormément de concentration et d’émotion. Mais aujourd’hui, les joueurs n’ont plus ce temps". Le milieu de terrain Toni Kroos s’est plaint de ce rythme fou imposé aux footballeurs."J'ai le sentiment que le nombre de matchs est trop élevé, surtout pour les joueurs internationaux. Pendant la saison, l'équipe joue tous les trois jours, c'est une énorme charge de travail avec, parfois, des longs voyages. Je pense que, dans le football, on a besoin de plus de temps de récupération". Problème, le temps est un luxe impossible à s’offrir dans un sport toujours plus exigeant. "Maintenant, tous les matches sont importants. Il faut être à fond chaque fois donc les équipes ne peuvent plus se préparer tranquillement, dénonce Jean-Cyrille Lecoq. En parallèle, il y a peu d’encadrement chargé de la récupération émotionnelle et mentale dans le foot. S’il y a des préparateurs physiques, c’est déjà bien. Le foot est très en retard au niveau de la psychologie. On considère que si le joueur peut courir, il est en état de jouer".
Eliminés dès la phase de groupes du Mondial, l’Espagne et le Portugal prouvent le contraire. Les joueurs ont dépensé moins d’énergie au Brésil. Pourtant, ils souffrent eux aussi en ce début de campagne européenne. Invaincue depuis vingt-huit matches en qualifications, la Roja est tombée devant la modeste Slovaquie. "Le repos est plus ou moins efficace selon ce qui s’est passé durant une compétition. Si les joueurs ont l’impression d’avoir tout donné, ça va, sinon c’est plus dur et plus lent ", explique Lecoq, chargé d’établir le profil psychologique des internationaux français en catégories jeunes par le passé. Humiliés par les Pays-Bas et surclassés par le Chili, les tenants du titre et double champions d’Europe ne se sont pas montrés à la hauteur de leur statut en Amérique du Sud. Pour tourner la page, Vicente Del Bosque a choisi de renouveler son effectif. Une stratégie risquée à court terme. "L’idéal aurait été de préparer la transition pendant la Coupe du monde alors que là, tout se fait dans l’urgence. Ce n’est pas toujours bon", éclaire le psychologue.
Lecoq: "La psychologie aussi importante que le physique"
La Grèce et la Suisse, 8e de finalistes cet été en sont la preuve. Avec de nouveaux techniciens à leur tête (Ranieri et Petkovic), elles sont reparties du mauvais pied. "Tout le staff change et il communique peu avec son successeur, en général. Certains petits détails échappent à la nouvelle équipe et ça change tout ", confie Lecoq. Remplaçant de Van Gaal sur le banc des Pays-Bas, Hiddink a troqué le 3-5-2 gagnant de son prédécesseur pour un 4-3-3 peu efficace. Demi-finalistes en pays carioca, les Bataves ont baissé pavillon devant la République Tchèque puis l’Islande… Oublions le Mondial ", a tonné Arjen Robben. Cristiano Rnaldo pourrait dire pareil à ses partenaires, bien tristes au Brésil et vaincus par l’Albanie en qualifications. En qualifiant les deux premiers de chaque groupe, l’UEFA a retiré de la pression aux grands pays européens. Mais cela ne peut pas soigner les têtes meurtries. "La psychologie est aussi importante que le physique mais c’est un travail de longue haleine, juge Jean Cyrille Lecoq. Pourtant, dans un match serré, la manière de gérer le stress fait la différence". En laissant l’Eire égaliser dans le temps additionnel hier, l’Allemagne l’a appris à ses dépens.
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