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Dans son livre "What we think about Global Warming when we try not to think about global warming", le chercheur en psychologie sociale Per Espen Stoknes analyse les raisons du déni et de l'inaction face aux questions climatiques.
Fondées sur les caractéristiques culturelles de la société américaine et plus largement anglophone, ses conclusions ne sont applicables pas telles quelles à notre réalité européenne , ou française, mais elles apportent néanmoins un éclairage brillant et nouveau, celui de la psychologie sociale, sur les raisons des difficultés à mettre en adéquation les idées sur le climat et nos engagements individuels.
Nous continuerons d’explorer cette nouvelle psychologie de l’environnement, à travers des prochains billets et un article sur « Génération climat, comment agir ? » à paraître dans Psychologies magazine de décembre prochain.
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Les 5 barrières psychologiques qui limitent notre engagement en faveur du climat selon Stoknes sont :
- la distance : distance géographique (les îles du pacifique sont loin de chez moi…), temporelle (les échéances de 2100 ou même 2050 sont trop lointaines pour moi) ou technocratiques (ces gens qui décident sur le climat ne sont pas dans mon rayon d’action, je ne les connais pas)
- le catastrophisme : la présentation notamment par les médias des catastrophes climatiques me fait peur et me rend impuissant.
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- La dissonance cognitive : mes actions ne sont pas en adéquation avec mes connaissances, je ne suis pas comptent ou n’y crois pas trop, donc je modifie donc mes convictions pour ne pas être en porte à faux, ou refuser le problème.
- Le déni : qu’il soit actif ou passif, inconscient ou pas, le déni me protège car grâce à lui je peux à la fois savoir et faire comme si je ne savais pas, et souvent de façon inconsciente. Il naît parce que j’ai peur des conséquences du dérèglement climatique, et ne me reconnais pas compétent pour agir.
- L’identité : j’ai besoin d’appartenir à un groupe, me reconnaître dans des engagements collectifs. Si mon groupe ou mes proches n’agissent pas ou me dissuadent d’agir en faveur du climat, je fais comme eux. (pression sociale, poids de la norme).
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Les conclusions de Per Espen Stoknes sont particulièrement éclairantes. Il rappelle que
1/ Le déni face au climat n'est pas le seul ni le premier déni dans l'histoire. Nous vivons même dans le déni la plupart du temps car ce mécanisme protecteur nous permet simultanément de savoir et de ne pas savoir. Le déni social a joué dans le contexte du génocide Juif, de la guerre du Vietnam. Il joue aujourd'hui face aux 26 000 enfants qui meurent de faim chaque jour, ou face aux conditions d'élevage des animaux.
2/ C'est en changeant de comportement (donc en agissant) que nous changeons nos croyances et notre posture face à la question climatique. Et non l'inverse. Autrement dit inutile d'attendre d'être convaincus par des faits rationnels pour commencer à changer notre façon de vivre, c’est même en commençant à changer notre façon de vivre, en prenant des engagements à notre portée que nous accordons une importance réelle au problème du climat, et que nous modifions ensuite, et seulement ensuite, notre perception réelle du sujet.
3/ Face aux barrières psychologiques mentionnées, nous pouvons adopter de nouvelles stratégies comme participer à des groupes d’action (le poids du collectif est une puissante émulation pour modifier les modes de vie, voir le succès des familles à énergie positive ici) ou des réseaux sociaux ; valoriser des changements simples à fort impact (comme les nudges verts) qui changent la norme sociale (ex lors de l’achat d’un billet d’avion, c’est l’onglet compenser carbone qui devrait être coché d’emblée, pas l’inverse) ; privilégier des messages empathiques et non technocratiques et scientifiques (sur la santé, l’assurance, les risques…) et valoriser les opportunités et les solutions offertes par une économie bas carbone propice à innover et créer les conditions d’un mieux vivre.
En résumé, face à un sujet complexe comme le climat, aux multiples interactions, privilégions les actions simples mais à fort impact comme réduire notre consommation de viande ou expérimenter le partage de biens (voir le livre manifeste de Nicolas Hulot qui en liste 10 ici ou le concept des green nudges ici) au lieu de choisir des actions plus complexes qui exigeraient des sacrifices et que l'on ne tiendra pas dans la durée... Et passons du moi individuel au moi collectif.
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